Coaching en action
Voyons comment ont été menés trois cas de coaching (chaque mois, je vous propose trois nouveaux récits de coaching).
(les prénoms ont été changés)
# Cas n°1 : " Je ne sais pas ce que je veux " (Benoît - 21 ans)
# Cas n°2 : " Ils veulent que du sexe. Moi, je veux m'attacher " (Jeanne - 20 ans)
# Cas n°3 : " Je suis attiré par les garçons. J'ai honte " (Hugo - 17 ans)
Cas n°1 : " Je ne sais pas ce que je veux " (Benoît - 21 ans)
Contexte : Benoît dit manquer de confiance en lui. Il ne trouve pas de sens à sa vie. Il suit sans enthousiasme des études en Ressources Humaines, ne parvient pas à établir de vrais liens d'amitiés et ne sait pas vraiment ce qu'il apprécie dans son quotidien.
Déroulement du coaching
Etape n°1 : je laisse Benoît s'exprimer dans un premier temps, reformule certains de ses propos pour m'assurer - et l'assurer - que j'ai bien compris ce qu'il souhaite me dire. La confiance peut ainsi s'instaurer. Je recueille ses ressentis et analyses de la situation, l'invite à émettre des hypothèses sur ce qui a pu l'amener là où il en est aujourd'hui. Au fil des échanges, il me confie avoir toujours fait ce que ses parents lui demandaient de faire, sans jamais qu'ils s'inquiètent de ses propres ressentis, envies ou désirs. Plutôt que de se rebeller contre cet état de fait, Benoît l'a accepté et mis sous le tapis tout ce qui pouvait contrevenir aux décisions de ses parents, à savoir la quête de sa propre identité. Aujourd'hui, il dit se sentir « vide », seul, sans véritable désir. « A quoi bon ? » est son leitmotiv.
Etape n°2 : je lui propose de se reconnecter à ses émotions, de partir à la découverte de lui-même : revisiter les désirs, envies, projets, qu'il a, dans le passé, mis sous le tapis ; être attentif à tous les petits moments de ses journées susceptibles de lui offrir du plaisir, à tous les désirs qu'il réprime sans s'en apercevoir ; d'ouvrir ses sens à l'ici et maintenant pour apprécier ce qui lui fait du bien.
Etape n°3 : Benoît me fait part de ce qu'il a pu noter en lien avec mes suggestions. Il s'est remis à écouter de la musique, s'est souvenu qu'il avait pris du plaisir à la lecture d'un "bon polar". Il compte se remettre à la lecture. Comme il a tendance à n'entreprendre que "ce qui est utile" (son côté perfectionniste - que son environnement familial et scolaire (il a reçu un enseignement exigeant) ont largement contribué à mettre en place), je l'invite à privilégier l'agréable à l'utile, le temps de se réapproprier le plaisir du quotidien, et de ne choisir que des lectures qui lui font du bien. Il a par ailleurs commencé à interroger ses désirs d'avenir (notamment professionnels).
Etape n° 4 : peu à peu, Benoît découvre ce qui l'intéresse. Il accepte de faire le deuil d'attentes irréalistes, trop éloignées de ce qu'il est et commence à dessiner les traits de sa personnalité. Sur le plan social, il a compris qu'il n'était pas forcément nécessaire de maîtriser tous les sujets pour échanger avec les autres. Il est plus détendu, et prêt à se socialiser davantage. Nous abordons ensuite la question de l'intime et du désir. Il n'a jamais osé franchir le pas, mettant un couvercle sur ses pulsions et sa libido.
Résultat du coaching
Après 8 séances, Benoît entame sa "renaissance". Il arrive à mieux identifier qui il est, ce dont il a envie et ce qui ne lui ressemble pas. Il accepte d'intégrer le plaisir à ses choix. Il comprend que la voie professionnelle dans laquelle il s'engage ne sera sans doute pas celle qu'à terme il choisira. Le travail n'est pas terminé, mais il semble sur la bonne voie...
Cas n°2 : " Ils veulent que du sexe. Moi, je veux m'attacher "
Contexte : Jeanne est une jolie jeune femme de 20 ans, plutôt à l'aise socialement. Indépendante, elle aime sortir avec ses copines et copains de fac, faire la fête. Elle se fait souvent draguer mais déplore que les garçons, une fois l'acte sexuel consommé, ne s'attachent pas à elle. Sa confiance en elle en a pris un coup et elle perd peu à peu espoir de trouver quelqu'un avec qui construire une vraie relation. Jeanne s'est mise à douter de ses qualités, de sa personne. Ses parents me consultent car ils s'inquiètent de ce que leur fille "s'éteint jour après jour"...
Déroulement du coaching
Etape n°1 : J'invite Jeanne à me parler librement de sa vie, ses joies et ses peines; sa relation avec ses parents, ses frères et soeurs.
Etape n°2 : Puis, nous abordons sa vie sentimentale et amoureuse. Quelles sont ses attentes et ses besoins. Ses déceptions et chagrins d'amour. Elle me confie d'une part avoir toujours rêvé d'une relation idéale, à l'image de celle - en grande part fantasmée - qu'entretenaient ses parents lorsqu'elle était jeune adolescente. Lorsque Jeanne apprit, à 17 ans, que son père trompait régulièrement sa mère à l'époque, cela l'a perturbé pendant plusieurs mois au point de prendre ses distances avec son père. Une thérapie sur une année lui a permis d'accepter le passé et de "digérer" ses émotions. Elle a pu alors commencer à avoir des relations intimes avec des garçons... mais cela se termine toujours brutalement, sans toujours comprendre cette "nécessité" de rompre "alors que ça aurait pu aller plus loin".
Etape n°3 : Nos échanges lui permettent de prendre conscience de la pression qu'elle a pu faire porter aux garçons, sous forme d'"ultimatums" pour s'engager plus avant, tout en leur refusant bien souvent son "intimité" de peur qu'ils ne l'aiment que pour "ça". Nous étudions les mécanismes de sabotage de la relation qu'elle met en place alors même que ça pourrait marcher. Nous déjouons peu à peu ses peurs et ses frustrations, l'irréalisme de certaines de ses attentes.
Résultat du coaching
A l'issue de 12 séances, Jeanne a gagné en confiance en elle. Elle ne se voit plus comme "objet de désir pervers" des garçons; elle comprend mieux ce dont elle a besoin, le type de garçon qui conviendrait à une relation épanouissante pour elle. Jeanne a troqué ses attentes idéalistes contre une vision plus claire et réaliste de ce à quoi pourrait ressembler son avenir avec un futur compagnon.
Cas n°3 : " Je suis attiré par les garçons. J'ai honte "
Contexte : Hugo est envoyé par ses parents, désespérés de voir leur fils se replier sur lui-même, sans presqu'aucun ami. Ses résultats scolaires s'en ressentent.
Déroulement du coaching
Etape n°1 : Hugo tout d'abord me dit qu'il ne sait pas ce qu'il fait là, qu'il n'a "pas besoin d'un psy" ! Je l'informe que, à la différence du psy - qui a pour fonction de guérir la pathologie psychique de son patient, le coach accompagne activement son client pour qu'il trouve par lui-même, en confiance, les clés de résolution de son problème, dans une relation de "partenariat" opposée à celle de professeur à élève. Cela le rassure... Je lui propose ensuite de me parler librement de sa vie, son quotidien, ses joies et ses doutes...
Etape n°2 : à l'issue de la première séance, Hugo me dit que ce n'est pas ce qu'il imaginait, que ça lui a "bien plu". Il est d'accord pour revenir... Les trois premières séances ont pour objectif principal de l'aider à se confier, à s'ouvrir. Je sens bien qu'il éprouve des hontes ou culpabilités qui le figent dans un quotidien sans couleur. Mes questions sont le moins intrusives possibles, elles visent le général plus que l'intime.
Etape n°3 : lorsque je sens que Hugo est en confiance, qu'il apprécie notre "partenariat", je commence à aller petit à petit sur les questions de l'intime. D'abord ses bons souvenirs, ses joies et ses peines, ses amitiés... et ses amours. Ses réticences à s'ouvrir sur le sujet (il préfère se taire que mentir, ai-je pu constater au fil des entretiens) me laissent à penser que c'est sur cette dimension de l'intime que se logent ses possibles hontes ou culpabilités. Je tente de désamorcer ses craintes en l'assurant que je ne le jugerai en aucun cas, que "j'en ai vu d'autres !" (ce qui réussit à lui décrocher un sourire). Il faudra encore un peu de temps pour que Hugo m'avoue son attirance honteuse pour les garçons. Mon travail consiste alors à saisir de quoi sa honte est "faite". Pas de trouble pervers, simplement du rejet familial envers l'homosexualité, qu'il a intégré comme une honte.
Résultat du coaching
A l'issue de 9 séances, Hugo a changé son regard sur son homosexualité. Il se sent plus fort et assuré, commence à s'accepter, à mettre de côté l'opinion des autres. La prochaine étape, que nous ferons peut-être ensemble, consistera à l'accompagner pour l'aider à franchir le pas vers les nouvelles rencontres qu'il sera amené à faire, avec des personnes comme lui.